Tu connais les poupées russes. Tu as la petite poupée dans la moyenne poupée, la moyenne dans la grande, la grande dans la plus grande... etc... c'est comme les pelures d'oignon, tu as des couches à n'en plus finir. Ben moi, j'en ai ras le pompon des couches de "glop", "pas glop" / "glop", "pas glop" / "glop", "pas glop".

Mes états d'âme, ce sont les montagnes russes, un coup, ça baigne et le coup d'après, c'est la chute libre. Aujourd'hui, j'ai passé une journée super zen. Il faut dire que j'ai enfin eu l'électrochoc que j'attendais. Il faut dire que tous les gens qui m'entourent m'incitent à bouger. Tous, voient comment je dépéris...

Tu sais quoi ? J'ai envie de bouffer la vie, moi. J'en ai marre de végéter. J'ai envie d'avoir un chez moi dans lequel je me sente chez moi. J'ai envie d'être bien. Je sais que l'étape va être difficile de quitter mon Mari. Ce n'est pas que je sois franchement pour une rupture car je sais qu'elle sera douloureuse pour mon Mari. Mais, comme les clônes humains n'existent pas et comme j'ai envie de vivre, il me faut faire un choix. Je ne peux pas mettre une croix sur ma vie simplement pour ne pas faire de peine à mon Mari. Je sais, c'est égoiste, mais voilà.

Première étape, il va me falloir lutter contre la culpabilité. Et ça, ce n'est pas une mince affaire. J'avais entendu un psy dire que lorsqu'il y a rupture, il ne faut pas se mettre à la place de la personne que l'on quitte, sinon, c'est quasi impossible d'agir. Il faut penser à sa gueule, parce que si on en est là, c'est que la vie ne nous convient pas. Je sais, tu vas me dire qu'on se trouve de bonnes raisons pour faire le sale boulot mais, ainsi va la vie. Tu sais, j'en ai pris plein la tronche toutes ces années. Je lui ai vraiment dit, constamment où étaient mes besoins. Je voulais bien faire des concessions pour donner du plus à sa vie, mais il fallait que lui aussi, en échange, tienne compte de ce que j'avais envie de vivre. A aucun moment, il n'a donné suite à mes doléances. Seulement, maintenant, il y parvient. Je pensais qu'il n'était pas apte à le faire. Mais, désormais, je me dis qu'il pouvait le faire. C'est juste qu'il n'avait pas envie de le faire...

Si je pars de ce constat, si je me dis qu'il aurait tout à fait pu faire des efforts, je décide que "c'est dommage, bien dommage parce qu'il y a notre petite Chérie, mais tant pis pour lui". Et ma Petite Chérie sera heureuse malgré tout. Parce qu'il est préférable pour elle d'avoir des parents séparés mais heureux, plutôt qu'ensemble mais malheureux. Bon, c'est presque sûr, ça risque d'être très dur pour mon Mari. Mais avant de me connaître, il vivait tranquille sans moi. Voilà, je ne serai pas loin, mais je ne serai plus dans ses bras. C'est tout.

Bon, je te fais ma crâneuse, mais je peux t'assurer que je n'en mène pas large...

A côté de ça, j'ai un souci avec mon Chéri (et oui, encore...). Nous avons d'énormes difficultés à nous appeler en ce moment. Lundi, il se chargeait de l'achat de la maison de sa femme et un peu toute la semaine, il s'occupait des travaux qu'il va falloir y faire. Nous avons réussi à nous parler vraiment quelques toutes petites minutes ce soir. De précieuses petites minutes que nous attendions impatiemment, lui et moi.

Il m'a annoncé que le compte joint qu'il détenait avec sa femme avait été liquidé. Il a donc maintenant un compte bancaire perso. ça m'a vraiment fait plaisir parce que c'est un sacré pas vers son indépendance. Sauf que ça s'est gâté quand il m'a dit qu'ils se faisaient mutuellement une procuration sur leurs comptes respectifs. La raison évoquée est que le crédit en cours est débité sur le compte de sa femme. Et c'est donc une sécurité pour sa femme de pouvoir ponctionner sur le compte de son mari. Tu comprends ça toi ?

Bon, en plus, quand il m'en a parlé, il m'a dit : "je ne sais pas si je dois te le dire car tu vas me pourrir, mais...". Ce qui te permet de te mettre dans d'excellentes conditions du style "merde, ça y est, je vais encore en prendre dans la tronche". Pourtant, vraiment, j'ai tellement besoin de me sentir super ok pour gravir cette montagne aux chemins si escarpés. Je lui ai envoyé un sms "Mon chéri, pourrais-tu ne pas me parler de tes procurations et autres arrangements avec ta femme. J'ai besoin de penser que tu peux être totalement indépendant de ta femme. On n'arrive pas à se parler beaucoup au téléphone. J'aurais vraiment besoin qu'on parle de nos projets...". depuis, plus de son, plus d'image. Bien entendu, moi qui étais si détendue, je me retape des méga crises d'angoisse et de larmes... C'est pas de bol. Vraiment pas de bol. J'en ai vraiment assez. Je pense que lui aussi...

J'ai regardé avec ma petite collègue-amie des appartements sur internet. Il y en a plusieurs qui me semblent convenir. Mon projet est de parler ce week-end à mon Mari, et de passer à l'action. Car l'ambiance à la maison devient de plus en plus lourde. Mon Mari est loin d'être heureux, lui aussi de cette situation. Je ne dois pas laisser les choses pourrir toutes seules. Il faut que je bouge sans tarder.

Dimanche soir dernier, ma Grande chérie est revenue de deux journées chez les grands-parents de son Chéri. Elle a donc été la star pendant ces deux journées. Quand elle est rentrée, elle était très bof-bof, on pouvait lire sur son visage : "ça fait vraiment chier d'être là". Super !!! Quand nous sommes passés à table, ma Petite Chérie était surexcitée, elle parlait fort, faisait n'importe quoi. Bref, insupportable. Nous l'avons réprimandée, mais autant te dire, rien n'y faisait. Ma Grande Chérie s'est mise à lui aboyer dessus et à lui parler comme si elle s'adressait à ses copines. D'un seul coup, mon Mari s'est lui aussi mis à hurler "Maintenant, ta gueule, ferme-là !!!" (ambiance, hein ??). En lui disant ça, il lui a balancé un sachet de gruyère rapé (c'était préférable) en plein visage. Ma Grande Chérie lui a répondu qu'il n'avait pas à lui parler ainsi. C'est parti en live. Je leur ai demandé de se calmer. Ma Grande Chérie est partie avec son assiette, manger dans sa chambre. Mon Mari est ensuite parti assister à un match de rugby. J'en ai profité pour parler avec ma Grande Chérie. Je lui ai dit que je n'étais pas du tout d'accord sur sa façon de parler à sa petite soeur mais, j'ai ajouté que je n'étais pas non plus d'accord avec l'attitude de mon Mari.

Le lendemain, tout s'est très bien passé. Mais, tu vois, je pense que mon Mari finit par être lui aussi à bout, et c'est pas cool du tout...

Je n'ai donc plus du tout le choix. C'est maintenant que je dois bouger. Malheureusement, je le ferai seule, sans personne à mes côtés pour me soutenir... J'ai vraiment les boules, mais voilà...

Demain matin, j'ai rendez-vous avec une psychologue. Car il faut que j'arrive à déméler mes gros blocages, à alléger cette culpabilité si lourde. Je te raconte ça. A mon avis, ça peut être gratiné...

Les montagnes russes

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